L'église Sainte-Madeleine


Au début du XIXème siècle, l'église Sainte-Madeleine est dans un triste état. Le culte vient d'être rétabli, mais l'église manque de tout. Un conseil de fabrique se constitue et, heureusement, la commune prend en charge les réparations de l'église. Avec l'Empire, les curés sont enrôlés pour entretenir l'enthousiasme patriotique. Un décret de 1805 leur enjoint de lire le bulletin de l'armée impériale en chaire, chaque dimanche.

 

1814, première invasion étrangère : un important magasin destiné à  ravitailler les troupes d'occupation est installé le long de l'église et s'étend sur une partie du cimetière qui sera abandonné. Le nouveau cimetière est inauguré, sa bénédiction a lieu le 5 décembre 1813, sur l'implantation du cimetière actuel.

 

En 1852, le clocher est refait par un maçon du pays : une tour est construite, elle est surmontée d'un clocheton formant une lanterne. Mais la charge est trop lourde : bien que consolidées les assises ne tiennent pas. Cela ne décourage pas les paroissiens. Un maître autel orné d'une scène en bas relief est offert par la famille Baudouin en 1875. Le vitrail de choeur représentant Sainte Madeleine aux pieds de Jésus est offert par la famille Massion en 1886.

 

L'ensemble de l'édifice donne des inquiétudes, en effet, l'humidité détruit tout, peut-être a-t-on utilisé des blocs de gypse comme pierre à  bâtir ? Le salpêtre s'installe. Faut-il démolir entièrement l'église ? Un "Comité pour la reconstruction de l'église" se constitue sous la présidence de M. Pinet en 1891. On pare au plus pressé en consolidant les travées et en étayant le portail. Des conflits s'élèvent entre la municipalité, le comité de reconstruction, le curé Thévenet et le conseil de fabrique. La querelle remonte jusqu'au préfet qui autorise la démolition le 28 mars 1899.

 

L'abbé Hubert Faivre arrive alors à  Franconville, la reconstruction sera "son affaire". Il entreprend la publication d'un bulletin paroissial mensuel distribué gratuitement aux habitants. Le n°1 est daté de novembre 1900. La construction d'une église neuve est décidée et le projet retenu est celui de M. Lucien Roy, architecte du diocèse de Versailles. Une souscription est ouverte et l'abbé Faivre crée une émulation en publiant chaque mois la liste des souscripteurs dans le bulletin paroissial. Il entreprend une tournée de conférences et de sermons à  Paris, à  la Madeleine, et dans les paroisses voisines. Des fêtes musicales et littéraires sont organisées pour récolter des fonds.

 

La pose de la première pierre se déroule le 14 juin 1903, jour de la Fête-Dieu, la fanfare de Groslay apporte son concours, l'abbé Jacquemot, curé-doyen de la Basilique d'Argenteuil prononce le discours.

 

Le 19 juin 1904 la bénédiction de la nouvelle église est l'occasion d'une fête mémorable. Il s'agit en fait d'une première moitié de l'édifice accolée à  ce qui reste de l'ancienne église. Ainsi le choeur , le trancept, la première travée de la nef et la sacristie sont terminés. Des ornements de valeur sont offerts à  l'église : chapes brodées, aube de dentelle, grille de la table de communion, autel pour la chapelle de la Vierge. Parmi ces offrandes, un tapis en petits carrés pour le choeur confectionné par des Franconvilloises et le vitrail de la Vierge aux yeux baissés (ci-dessous). Le tapis se trouve de nos jours dans l'oratoire de l'église Notre-Dame des Noues. Le vitrail est toujours dans le transfert gauche de Sainte-Madeleine.

 

En 1905 on détruit ce qui reste de l'ancien édifice. Seuls subsistent le maître autel, le vitrail du choeur , les fonds baptismaux et les cloches qui ont été déposées provisoirement.  

 

L'abbé Eugène Delle succède à  l'abbé Faivre. Les travaux reprennent en 1912. En hommage, l'abbé Delle fait représenter Saint Hubert à  l'effigie de son prédécesseur dans un vitrail à  droite de la nef. Mais la grande guerre va à  nouveau tout arrêter en 1914. Le curé de Franconville s'occupe aussi de la paroisse du Plessis-Bouchard dont le prêtre est mobilisé. Pendant toute la guerre l'église reste en chantier, on se contente d'un local exigu, sans portail, sans clocher et sans sonnerie. En 1915 une souscription est ouverte pour que les noms des soldats morts au champ d'honneur soient gravés sur une plaque de marbre. L'abbé Teissandier succède à l'abbé Delle. Il prend possession du presbytère avec son vicaire en 1938, le presbytère est encore en service.

 

Le clocher actuel est construit en 1955, il achève enfin l'église Sainte-Madeleine. Une cloche de 450 kg, nommée Marguerite est offerte à  la paroisse par Madame Gentil. Le 26 juin 1955 l'évêque de Versailles, Mgr Renard, inaugure le nouveau clocher et fête les noces d'or du curé Teissandier honoré du titre de Chanoine. En juin 1961, les paroissiens fêtent le départ en retraite de leur curé qui célèbre sa dernière messe au 64 du Boulevard Maurice-Berteaux, sur le terrain paroissial.

 

Son successeur, l'abbé Maurice Nassoy, préside à  la réfection des vitraux. Il travaille avec des artiste verriers J.J. Borghetto  et A. Ripeau. Le vitrail du choeur  (sainte Madeleine) est remplacé par trois vitraux représentant la Foi (Saint Pierre), l'Espérance (allégorie) et la Charité (Saint Jean). En 1963 seront réalisés la grande verrière à  la gloire de Notre-Dame au milieu des symboles des litanies de la Vierge ainsi que le somptueux vitrail de Saint Marc. 

 

On a cru apporter la dernière touche à  l'ouvrage à  Noël 1964 en plaçant un coq sur le clocher mais il n'en est rien, la vie de la paroisse continue. L'abbé Nassoy aura encore l'initiative de l'église Notre-Dame des Noues et une autre aventure sera la réalisation de l'orgue de Sainte-Madeleine ...

 

... à  suivre 

Les grandes orgues de l'église Sainte Madeleine


A le voir planté de plain-pied dans le transept gauche de notre église, dominant de ses sept mètres de haut les paroissiens en prière, il n'a rien d'avant-garde.

 

Et pourtant si l'on veut bien regarder de plus près ... Cet emplacement lui-même est déjà  révolutionnaire; pas d'orgue perché à  la tribune, pas d'organiste séparé des fidèles ou des auditeurs. L'orgue et son exécutant se trouvent plongés au coeur de la vie paroissiale. Son allure très élancée, sa moindre largeur à  la base, nous donnent l'impression qu'il accompagne de son buffet les louanges qu'il chante. Sa décoration (moulures, style) qui, tout en lui conservant son caractère propre, cherche à  s'insérer plus étroitement dans l'espace où il se trouve, sans sacrifier à  une mode ou une tendance du moment.

 

L'entendre est encore plus surprenant !

 

"Mâles, fières et promptes" est une formule qu'aime employer Monsieur Mounier pour parler de ses trompettes comme le faisait un grand facteur du 18ème siècle. C'est une phrase qui pourrait parfaitement définir cet instrument. Mâle : il suffit d'entendre ses jeux de fond remplissant parfaitement le vaisseau de l'église, où que vous vous trouviez sans jamais écraser ni assourdir. Fiers : les jeux de mixtures des deux claviers, les jeux d'anches. Jamais agressifs, les trompettes et clairons du grand orgue, mais toujours présents quand l'organiste a décidé de les utiliser. Prompt enfin : car servi par une distribution de vent remarquable et silencieuse, y compris lorsque l'instrument est soumis à  rude épreuve par le répertoire.

 

Quel répertoire pour cet instrument ?

 

Considérant qu'il existe dans le département et dans la région de nombreux et très beaux instruments romantiques, il fut donc décidé d'un orgue à  la composition plutôt classique desservant, il est vrai, le répertoire du 19ème et du début du 20ème siècle. Ce choix entrait parfaitement dans les goûts personnels de Monsieur Jean-Jacques Mounier; cela ne pouvait que contribuer à  la réussite artistique du projet.

 

Cet instrument est donc, suivant la définition de son concepteur, un orgue d'esthétique franco-flamande où les goûts des deux écoles se rencontrent dans un même instrument. L'orgue français y est représenté par le grand cornet à cinq rang du grand orgue, le jeu de tierce et, bien sûr, par son choeur d'anches très riche. L'orgue flamand est caractérisé par un principal de huit pieds de base au grand orgue, des jeux de flûtes assez variés et la cymbale tierce à  la sonorité si colorée.

 

Tout cela au service d'un répertoire très vaste, allant de la fin du 16ème siècle au début du 19ème siècle, sans oublier la musique contemporaine. La clarté de ses timbres fait de cet orgue un instrument polyphonique qui permettra de jouer toute la musique allemande, surtout celle de l'époque baroque. Enfin il est également possible de jouer la musique contemporaine, car le diapason et le tempérament d'après Bendeler, favorisant les tierces et les "tons de l'église", joue un rôle important dans la polyphonie.

 

Que d'enthousiasme et d'efforts conjugués pour en arriver là  ! ... ceux du Père Pierre Callewaert et de Monsieur Francis Delattre, curé et maire de Franconville, sans la volonté desquels ce projet n'aurait jamais pu se réaliser; de Monsieur Louis Maria, président de l'association "Les grandes orgues de Sainte-Madeleine".

 

Et surtout le talent, la science et l'habileté de Monsieur Jean-Jacques Mounier, le concepteur et rélisateur de cet orgue qui a su créer un instrument qui ne soit ni avant-gardiste, ni une copie d'ancien. 

 

Thierry Maurouard (organiste)